Mot de l'auteur

- Pourquoi avez vous écrit Izul ?
Pour parler de Josep ! (rire)
Je ressentais le besoin, moi qui n’ai pas connu la guerre (touchons du bois), de comprendre un peu plus cette hystérie collective qui jalonne différentes périodes de l’humanité. La fin du royaume de Grenade et la deuxième guerre mondiale m’ont particulièrement interpellés car les liens entre ces deux périodes sont tragiques.
- Et pourquoi la corrida?
Vous y comprenez quelque chose, vous, à la corrida ? Moi je ne me l’explique pas, pourtant c’est là, devant moi. Je ressens ce type de rituel un peu comme la chevelure d’une comète!
Je pense que ces oraisons funèbres sont les restes d’une culture ayant vécu l’omniscience «du vivre ensemble», de la beauté du geste et de l’esprit. Quand nous contemplons l’architecture, la littérature laissée par l’Al Andalous, quand différents peuples et cultures commerçaient dans les rues de Grenade ou de Cordou pour ne faire qu’un, juif, musulman, chrétien et je ne sais, moi encore, le nombre d’humain... Tout cela a cessé en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Cela recommença 500 ans plus tard ! De nouveau, de la même manière, on tuait des gens, parce qu’ils pensent ou sont différents de nous! Quand on creuse un peu, on se rend compte aisément que toute les luttes ou idéologies nationalistes sont aujourd’hui, dénuées de sens et même de fondement. Tellement l’histoire nous apprend, que nous avons à plusieurs reprises réécris le livre. Et je pense finalement que dans le cheminement du flamenco, le peuple Gitan en est un bel exemple.
Différents peuples ont su en leurs temps évoluer pour être à l’origine de nouvelles cultures ou ont disparues pour laisser place à d’autres... Et c’est tant mieux!!
- Et qui est Izul ?
Elle est un grain de sable que j'ai glissé à Grenade en 1492, là où tout a commencé. En quelques jours la donne a changé par une rupture culturelle entre les musulmans , les juifs et les chrétiens, tous convertis ou non convertis mais obligés de s’identifier et de choisir. Ce fut le traité de l’Hallambra.
- Et ce Josep?
Si Izul est l’origine des royaumes d’exil, Josep en est la résultante. Ce Gitan républicain d’une trentaine d’années, fort de ses convictions, va apprendre à ses dépends qu’il est le corpus des exilés de la pensée ainsi personnifié. On retrouve Josep Ferrer dans les rues d’Irun, fuyant l’Espagne vers la France, ses compagnons d’armes, partis plus tôt, quittaient Barcelone pendant la Retirada en février 1939. Josep ne se retira pas, lui, il voulu y croire plus, plus longtemps. Il dit même : «j’ai menti hier sur mes origines gitanes, je recommencerai aujourd’hui.»
- Si je comprend bien, comme une mouette Maltésiene, les personnages d’Alain Florent traversent et subissent l’Histoire à une époque charnière et convulsive de l’Espagne.
Certes, ils partagent la même insouciance mais la conscience pragmatique face à l’inéluctable leur fera découvrir de nouveaux sentiments comme la peur, la honte et l’abnégation.
C’est l’histoire du subconscient, la conscience coupable, je m’invente une raison tangible aux choses incomprises, ça m’aide à dormir!
Alain Florent